Gérard Duchêne est professeur d'économie à l'université Paris-XII et
directeur du Roses (Centre de recherche sur l'économie en transition à Paris-I).
Neuf ans après la création de la Berd, quel constat peut-on dresser de ses réussites et de ses échecs?
Tout dépend qui effectue le bilan. Quand Attali et Mitterrand ont lancé l'idée de la Berd, ils avaient en tête un plan Marshall pour l'Europe de l'Est et l'URSS. On est très loin du compte. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de plan Marshall. Toutes proportions gardées, le total des financements sur la région est supérieur à ce que les Etats-Unis ont fait pour l'Europe en 1947. Mais les déboursements pour les économies en transition sont étalés sur une période relativement plus longue. Dans cette affaire, c'est le FMI et la Banque mondiale qui mènent le bal, la Berd ne joue qu'un rôle mineur. Pourtant, à côté des rêves de grandeur, la Berd ne réussit pas trop mal à financer des projets privés solides, qui ont un effet d'entraînement favorisant le passage à l'économie de marché. Des projets qui n'auraient pas vu le jour sans sa participation: cela concerne la restructuration des banques. Et toute la difficulté est là: la Russie ou l'Ukraine, par exemple, sont des pays dans lesquels les banquiers doivent choisir entre d'une part l'argent que leur offre la Berd et l'exigence de transparence et d'autre part la poursuite de pratiques bancaires douteuses.
Mais lorsqu'on regarde la faiblesse des engagements financiers de la B