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Libération

L'angoisse du liquidateur à l'idée d'être liquidé. La grève s'éternise contre la réforme des tribunaux de commerce.

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publié le 22 mai 2000 à 0h57

Drôle de grève. Depuis un mois, certains salariés des études

d'administrateurs judiciaires et mandataires liquidateurs ont débranché téléphones et fax. Professionnels des faillites, ils font corps avec leurs employeurs contre la réforme des tribunaux de commerce préparée par Elisabeth Guigou (Libération du 3 mai). Chargés de gérer les entreprises en dépôt de bilan et/ou d'en liquider les actifs, leurs patrons pouvaient difficilement monter au créneau, compte tenu de la multiplication des scandales et du montant colossal de leurs revenus. L'irruption des salariés ­ leur jeune syndicat a été reçu à la chancellerie ­ a permis de rappeler que les honoraires tant décriés des administrateurs et des mandataires sont en fait du chiffre d'affaires, pas du bénéfice. Entre les deux, il y a les charges salariales de quelque 3000 employés. Le ministère de la Justice, qui envisageait à l'origine une réduction de 50% des honoraires, reconnaît y être allé «un peu fort». Et s'est engagé à discuter, au nom de la préservation de l'emploi.

Entreprise rentable. Cette alliance de classe est bancale. Une fois réglés les frais de fonctionnement, la rentabilité d'une étude avoisine 40%, «ce qui n'a guère d'équivalent dans le milieu économique», relevait le rapport d'enquête sur les tribunaux de commerce commandé il y a deux ans par les ministères de l'Economie et de la Justice. Il évaluait le bénéfice net d'un administrateur judiciaire à plus de 2 millions de francs par an, celui d'un mandataire liqui