Stockholm, de notre correspondant.
Lundi, conférence de presse à Stockholm. Bror Anders Månsson, le pdg de CityMail, jubile. Cotation en Bourse suspendue, il annonce une joint-venture avec Royal Mail, le géant britannique de la Poste. Ensemble, ils vont miser sur la distribution postale informatisée, secteur que CityMail pratique déjà en Suède. Månsson se fait visionnaire: «Nous allons connaître dans la Poste le même phénomène que dans la téléphonie et l'informatique: de nombreux petits acteurs innovants vont travailler avec les géants.» Le patron de CityMail, cheveux gominés et bouc discret, paraît sûr de lui. Il revient pourtant de loin.
Pots cassés. CityMail est un pionnier. Ce qui veut dire qu'il a payé les pots cassés lorsque la Suède fut le premier pays au monde à complètement dérégulariser son marché postal le 1er juillet 1993. Dès 1990, alors que la Suède connaît encore une situation de monopole dans le domaine de la distribution des lettres, quelques juristes de CityMail s'attaquent au mastodonte, Posten, l'empire public avec ses 60 000 employés et ses 2 000 bureaux. Dès 1991, CityMail, le premier, démarre ses activités dans Stockholm intra muros. «Posten avait une définition très large de son métier, constate Malcolm Hamilton, vice-président de CityMail. Nous avons affiné. Ici, les lettres que vous postez à la boîte, c'est seulement 5% du marché. Le courrier d'entreprise à entreprise représente plus de 40% du marché et celui de la poste adressée par ordinateur, 50%.