Istanbul, envoyée spéciale.
Longtemps, les conférences mondiales de radiocommunication se sont résumées à un face-à-face URSS-USA. «Le reste du monde se partageait les miettes», explique Jean-Claude Bouillet, directeur des fréquences chez Bouygues Télécom et vieux routier de ce type de conférence. Aujourd'hui, changement de registre. «Le match se joue entre les Etats-Unis et l'Europe.» Et il tourne à la guerre économique. Au sein de la délégation française (143 personnes, la plus importante en nombre derrière les Américains), on cachait difficilement le sentiment, alors que le traité n'était pas encore bouclé, que l'Europe, à Istanbul, avait gagné. A la racine du succès européen, d'abord, une organisation minutieuse. Dans l'immense salle en bordure de Bosphore construite tout exprès par les Istanbuliotes, chaque délégation dispose d'une pancarte, et donc d'une voix. Saint-Marin y côtoie le Tadjikistan, Tuvalu jouxte le Vatican, et le Kiribati, l'ex-république yougoslave de Macédoine. L'Europe a compris qu'il fallait avancer groupée. Solidement structurée au sein de la Cept (Conférence européenne des postes et télécommunications), l'Europe au sens continental du terme dispose à elle seule d'un gros paquet de 43 voix. Fin mars, la Cept s'était donné rendez-vous avant l'heure à Istanbul, histoire de repérer les lieux et surtout d'affûter ses arguments. «Notre force, explique François Rancy, le chef adjoint de la délégation française: une très grande variété des pays, donc