«C'est la mort. Du chantier et du quartier.» Daniel, un ancien.
«J'ai toujours souhaité assister à une vente aux enchères. Mais je ne pensais pas que ce serait celle de mon entreprise». Bruno, 42 ans, onze ans aux Ateliers et chantiers du Havre (ACH), encore responsable des magasins. Il n'est pas amer: «Je ne réalise pas. Je pense que le plus dur, ce sera la semaine prochaine, quand tout sera vide.» La vente a commencé hier matin sur le site du chantier, et pour cinq jours. Aux enchères: grues, portiques de manutention, ponts roulants, bancs de découpe au plasma, postes de soudure, poignées de chalumeau et hangar, soit environ 5 000 lots de matériels. Une vente aux enchères qui suit la cessation d'activité des ACH, après deux ans d'agonie et la déconfiture provoquée par un échec industriel: ils n'ont pu honorer la commande de trois chimiquiers pour l'armateur norvégien Stolt Nielsen. Un sinistre qui a coûté près de trois milliards de francs à l'Etat.
Bidons rouillés. Etrange braderie. Une poignée d'acheteurs, quelques curieux du quartier, de rares anciens du chantier et davantage de journalistes. Entre bidons rouillés, pneus oubliés et plaques de tôle, les deux commissaires-priseurs havrais grimpent sur les grues, escaladent les chariots élévateurs et pointent les portiques. Ils ont évalué le montant de l'inventaire à 30 millions de francs. On parcourt au pas de charge le site abandonné. Le matin, la vente a commencé petit. Ce retraité d'EDF prend les enchères d'un véhicule p