Tokyo, correspondance.
«Impossible de parler de nos problèmes d'argent avec mon mari, c'est comme si je critiquais son niveau de salaire. Quand il a fallu payer l'école des enfants, les ennuis ont commencé. J'ai tout assumé pendant dix ans en empruntant à droite et à gauche. Les dettes se sont accumulées, mais j'ai toujours tout caché à mon mari.» Asako, femme au foyer de 40 ans, a ainsi contracté 30 millions de yens de dettes (1, 9 million de francs) auprès de onze établissements de crédit. Comme cette femme, des millions de Japonais paient au prix fort (les taux peuvent grimper jusqu'à 40%, maximum autorisé) ce qui est devenu un sport national, l'endettement.
Depuis les années 80, les politiques ont encouragé le crédit, alimentant un endettement privé dont on évalue mal le montant global. Après le surendettement des jeunes, dû à la fringale de consommation née dans les années 80 certains ont jusqu'à 22 cartes de crédit , «ce sont les 40-50 ans qui sombrent dans le cercle vicieux de l'endettement», explique Kichizo Sakamoto, directeur de la Japan Credit Counselling Association, qui conseille les ménages surendettés. «A cause de la crise, ils ne peuvent plus rembourser les prêts immobiliers contractés il y a dix ans.»
Dettes «honteuses». A la différence des Etats-Unis, le Japon vit mal cette montée de l'endettement. «Au Japon, il est encore honteux d'emprunter de l'argent, sauf pour acheter sa maison», commente Seiichi Endo, de l'Association japonaise des sociétés de crédit