Bruxelles (UE), de notre correspondant
Son visage se fait plus grave: «J'ai été victime de harcèlement sexuel lorsque j'ai commencé à travailler. Je n'ai pas pu réagir, faute de cadre législatif adéquat en Grèce. J'ai du quitter ce cabinet d'ingénieurs civils pour en chercher un autre.» Anna Diamantopoulou, la jeune commissaire européenne à l'emploi et aux affaires sociales (40 ans), sait donc de quoi elle parle lorsqu'elle propose de bannir dans l'Union «cette offense inacceptable pour les personnes qui en sont victimes, généralement, mais pas toujours, les femmes».
Les chiffres qu'elle a livrés, hier, lors d'une conférence de presse, ont de quoi faire frémir: «Le pourcentage de travailleurs féminins ayant reçu des avances sexuelles non désirées est compris entre 40 % et 50 %», dans l'ensemble de l'Union européenne. En Espagne, en Italie et au Portugal, la proportion dépasserait même 60 %...
Répression pénale. Si les Etats membres adoptent sa proposition de directive (1), ils devront donc introduire dans leur législation la répression pénale du harcèlement sexuel sur le lieu de travail, à l'image de ce qu'ont déjà fait la France et la Belgique. L'Union se hissera ainsi, en matière de protection des femmes et parfois des hommes , au niveau des Etats-Unis, du Canada et de l'Australie.
Il peut paraître étonnant que l'Union intervienne dans un tel domaine. Mais, depuis le traité d'Amsterdam, elle a pour mission explicite de promouvoir «l'égalité entre les hommes et les femmes».