Redmond, envoyé spécial.
Le long de la nationale 520, qui borde les rives du lac Sammamish, pas besoin de pancarte. A celui qui, par étourderie peut-être, demande «le chemin de Microsoft», le pompiste répond par une moue et un haussement d'épaules. «Vous allez tout droit et quand vous heurtez une montagne de buildings, vous êtes arrivé.» Les immeubles de verre, il est vrai, impressionnent. Cinquante-trois au total, des deux côtés de l'asphalte. Sur le campus, les employés qui se déplacent d'un bureau à l'autre n'ont pas d'autre solution que de prendre une navette, pour ne pas se perdre dans les centaines de contre-allées entre les bâtiments. Et, histoire sans doute de rappeler encore un peu plus à chacun où il se trouve, les bus affichent les derniers produits de la maison sur leur carrosserie. «Est-ce que votre Palm peut écouter de la musique?» proclame une pub qui montre en version géante et couleur le Pocket PC, l'ordinateur de poche équipé de Windows.
1979, année héroïque. C'est donc ici, sur leurs terres natales du Nord-Ouest américain, à quelques kilomètres de Seattle, qu'un beau jour de 1979, Bill Gates et Paul Allen ont décidé d'installer la compagnie qu'ils avaient fondée quatre ans plus tôt. Depuis, Allen a quitté le bateau, Gates est devenu le milliardaire que l'on sait et Microsoft, depuis près de vingt mois désormais, est entré dans l'histoire américaine comme le «géant de l'informatique qui défie le gouvernement». Accusée par le département de la Justice d'avoir