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Libération

A Masnières, on l'appelle «Maire Courage»

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Colette Dessaint était en grève de la faim pour sauver la verrerie.
publié le 10 juin 2000 à 2h06

Masnières envoyée spéciale

Colette Dessaint a fini par écouter son médecin de famille. Après 16 jours de grève de la faim, Madame le maire communiste de Masnières, près de Cambrai, a accepté la perfusion. «Je ne veux pas me sacrifier. Je ne suis qu'un détonateur. Il y a encore d'autres combats.»

Toute une vie. Dans sa chemise de nuit rose, sur son lit d'hôpital, où elle a été admise mercredi, Colette Dessaint parle de «sa» verrerie. Arrière-petite-fille, petite-fille, fille, épouse et mère de verrier: l'usine toute grise de Masnières, plantée au milieu du village, c'est son histoire à elle. «Je l'ai toujours entendue tourner. Elle est là depuis 1818. C'est un symbole, comme la mairie, comme l'église. Notre verrerie, ce n'est pas une usine, c'est un être humain.» Le maire de Masnières en met sa main au feu: elle connaît, mieux que les directeurs successifs, le fonctionnement des machines. «Ils sont de passage, ils ne restent qu'un an ou deux. Moi, on m'en parle tellement que je les connais par coeur.»

Rachetée en 1994 par le groupe italien Bormioli Rocco, la verrerie a subi 173 suppressions d'emplois l'an dernier. Il reste aujourd'hui 650 postes. La direction veut en supprimer encore 223, dès la fin du mois, pour transférer une partie de la production à Parme, en Italie. Le transfert a déjà commencé. «Certains produits, fabriqués en Italie, sont acheminés chez nous. On colle une étiquette "Masnières" sur les lots, parce que certains clients tiennent à nous.» Guy Woisel, secrétai