Menu
Libération

C & A: la bigotte batave en butte au bas de gamme

Article réservé aux abonnés
La marque de vêtements ferme ses 109 magasins britanniques.
publié le 19 juin 2000 à 1h37

C'est l'histoire d'une vieille et respectable Néerlandaise de 160 ans qui se réveille avec la gueule de bois. Créée en 1841 en Frise batave par la fratrie Clemens et August Brenninkmeyer, descendants de marchands de lin ambulants, C & A a passé le siècle à essaimer en Europe (600 magasins), a joué les vedettes dans les années 70, avant d'en arriver à baisser totalement le rideau sur son deuxième marché: le Royaume-Uni.

L'annonce, la semaine dernière, de la fermeture des 109 magasins britanniques et de 4 800 licenciements (Libération du 16 juin), marque la plus grave crise jamais connue par l'enseigne. Et un véritable coup de tonnerre pour un groupe qui voue un culte à la discrétion et dont la devise est "l'aveu est un signe de faiblesse". Aux commandes depuis 1841, les cinq générations de Brenninkmeyer qui se sont succédé ont amassé dans l'ombre une fortune considérable, estimée aujourd'hui par le magazine Forbes à 4,5 milliards de dollars. Jamais interviewés, encore moins photographiés, les hommes de la famille ont fait naître une légende autour de leurs convictions catholiques appliquées à la gestion du groupe. Exclusion des femmes de la famille de la tête de l'entreprise, tolérance toute relative des mariages interconfessionnels, interdiction en Allemagne pour les employées de revêtir d'autres couleurs que le noir et le blanc.

Dépoussiérage. "Il y a encore dix ans, témoigne André Durand, délégué central de la CFDT, salarié du groupe depuis 1988, un cadre français qui se ren