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Libération

L'Amérique, c'est pas le Pérou

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par Jean-Christophe MAILLARD
publié le 19 juin 2000 à 1h37

Emmanuel, 22 ans, travaille comme analyste financier pour une grande banque à New York.

"Tout s'est passé très vite. Après mon bac, à Cannes, puis mon cursus d'économie à Londres, j'ai été embauché en juillet 1998 comme analyste financier par une grande banque de New York. A 20 ans je me retrouvais plongé dans l'ambiance mythique de la finance à Manhattan, le rêve! Mais je suis vite redescendu sur terre. Dès le premier briefing, on m'a prévenu que je risquais de ne pas beaucoup voir mes amis, ni ma copine... Et ce n'était pas une plaisanterie. En moyenne, je ne suis jamais rentré avant 2 heures du matin. La première année, j'ai travaillé près de quatre-vingts heures par semaine! Je n'ai aucune liberté, je dois rester joignable 24 h sur 24, 7 jours sur 7. Impossible de prévoir quelque chose à l'avance.

Au mieux, mes week-ends se résument à un bout de vendredi soir, souvent interrompu par un coup de fil de mon boss. Le mois dernier, je suis resté trois fois 48 heures d'affilée au bureau. Heureusement qu'il est au 20e étage, ça me permet de voir un peu la ville...

Toutes les heures sont minutées. Entre midi et deux, pas question de faire un break. Juste le temps d'avaler un sandwich. Le parfait financier travaille douze à quinze heures par jour, fait du sport pendant deux heures, joue avec ses mômes cinq minutes et va se coucher. Pas question d'aller au cinéma ou de se plonger dans un livre, ça ne fait pas partie de la panoplie. Récemment, j'ai demandé deux heures pour aller écout