Le concept d'entreprise d'entraînement pédagogique (EEP) naît en Allemagne, au sortir de la Première Guerre mondiale. La nouvelle République ne sait que faire des soldats revenus du front, souvent d'origine paysanne, parfois mutilés, et qui ne peuvent plus s'employer au travail de la terre. Comme l'administration a besoin d'un corps de fonctionnaires rompus à la pratique républicaine, elle choisit d'en faire des employés de bureau en mettant sur pied la première des Übungsfirmen. Cet outil de formation basé sur la simulation doit les former rapidement aux tâches administratives auxquelles ils sont destinés, mais aussi les réinsérer socialement après leur démobilisation.
Un jeu de rôles. Directement inspiré du Kriegspiel - jeu de simulation guerrier -, le dispositif permet par la suite d'adapter les employés au développement des nouvelles technologies faisant irruption dans les bureaux des années 20 (machine à écrire, téléphone, première machine à calculer), ainsi qu'à les initier à la nouvelle fiscalité sur les sociétés ou au commerce international, alors en plein essor. La grande crise et les années 30 finiront d'en définir l'objectif en termes de reconversion professionnelle. Et une guerre mondiale plus tard, les nécessités de la reconstruction achèveront d'en assurer le succès. A partir de là, les entreprises d'entraînement vont essaimer en Europe.
Lorsque au début des années 80, le maire de Roanne Jean Auroux, alors ministre du Travail, décide de les introduire en France,