La loi sur la VAP, validation des acquis professionnels, arrive alors que se multiplient les constats d'échec de la formation à destination des moins qualifiés. Plus de 50 % des cadres et techniciens accèdent à la formation continue, mais seulement 27 % des ouvriers qualifiés, et 17 % des non-qualifiés. Et le risque est accentué dans les PME-PMI. Dans une étude publiée dans les Cahiers du groupe Bernard Bruhnes, Isabelle Giraudie et Jacques Terrenoire insistent sur la nécessité de mettre en place une démarche pédagogique "pour vaincre les résistances et les appréhensions des salariés" face à la formation. La valorisation des compétences est un moyen de contourner cet obstacle et est d'autant plus séduisant que les petites entreprises rechignent à investir en formation classique, coûteuse et mangeuse de temps. Mais les chercheurs mettent en garde les pouvoirs publics : sans accompagnement, les salariés les moins qualifiés risquent d'être exclus du dispositif. S'ils font la démarche individuellement, possibilité prévue par la loi, ils risquent d'être incapables d'"élaborer un projet personnel d'évolution", et de se voir imposer un choix de formation. Ce qui conduirait à une consommation de leur droit à la formation sans "que cela s'inscrive dans un projet structuré d'évolution professionnelle, et sans que cela leur permette d'acquérir des compétences valorisables".
"L'avenir des emplois peu qualifiés : que peut la formation?" Isabelle Giraudie et Jacques Terrenoire, les Cahiers