Montréal de notre correspondant
Avec Seagram, Vivendi n'acquiert pas seulement un grand studio de cinéma. Il récupère aussi une légende digne d'inspirer une superproduction hollywoodienne. L'histoire de la famille Bronfman, qui devrait détenir, après la fusion, 8 % du capital de Vivendi Universal, est de celles qu'affectionnent les producteurs. Une histoire de clan dont les membres ont dû jurer sur le lit de mort du pater familias Samuel, fondateur du groupe, qu'ils ne se déchireraient pas. Du moins en public.
A Montréal, où le groupe a ses racines nord-américaines, la famille est sans conteste la famille la plus célèbre. La plus puissante aussi. Mais on y cultive le secret, comme on a su cultiver les graines d'une fortune qui en a fait l'une des familles les plus riches du Canada. Avec constance et discrétion. C'est à peine si l'on connaît les débuts de Harry, Abe, Allan et Sam, qui, à l'aube du siècle dernier, faisaient commerce de bois de chauffage et de poisson congelé avant de devenir hôteliers puis bootleggers. Il est généralement malvenu d'évoquer les liens qui unirent un membre de la famille à cette mafia de l'alcool, dont il sera d'ailleurs la victime en 1922. Pas plus qu'il n'est de bon ton de faire allusion à l'auto-enlèvement en 1975 de Sam II, le frère de l'actuel PDG Edgar Jr. Le scandale, qui avait défrayé la chronique, fut très vite étouffé, comme celui des relations entre Mitch et la pègre montréalaise ou les mariages en cascade des uns et des autres. Une chos