Los Angeles, correspondance.
Peter Bart est le rédacteur en chef de Variety, le journal des Hollywoodiens et de la profession cinématographique. Quand les Japonais avaient acheté Universal il y a dix ans, Variety avait titré en une et en lettres japonaises: "Buyer Beware" ("Danger pour les acheteurs") ce qui s'est révélé quelque peu prémonitoire. Cette fois, le journal a été plus rassurant: "Yanks will run Universal" ("Les Yankees vont rester à la tête d'Universal"). Variety reflète l'état d'esprit à Hollywood. Les cadres d'Universal, principaux intéressés, ne semblent pas mécontents de voir arriver les Frenchies, et Steven Spielberg, pièce maîtresse d'Universal Pictures (le studio distribue tous ses films), serait même franchement enthousiaste à l'idée d'avoir pour interlocuteurs "des gens qui aiment le cinéma".
Vous avez été très sarcastique quand les Japonais ont acheté un studio. Pourquoi le rachat d'Universal ne provoque-t-il pas la même réaction?
Je pense que le management de Vivendi et de Canal + est beaucoup plus expérimenté et sophistiqué dans ses relations avec Hollywood que ne l'était celui des sociétés japonaises. D'abord, parce que ce sont des hommes d'affaires expérimentés, mais surtout parce qu'ils naviguent depuis plusieurs années dans les eaux agitées d'Hollywood, en s'associant avec différentes sociétés et différents partenaires de l'industrie. Canal + a appris à la dure comment on travaille ici avec les gens du cinéma. Pierre Lescure n'a peut-être pas la maît