C'est une toute petite école, nichée à l'ombre des pins en Avignon, mais sa réputation dépasse la ville, même la région. L'Ecole supérieure d'ébénisterie de Thors, à quelques kilomètres de la cité des Papes, créée par Louis et Alex Suau, deux frères, reçoit deux cents candidatures par an, venues de toute la France, parfois de l'étranger. Pour faire partie de la promotion de l'année, il faut attendre deux ans en moyenne. L'Esea a la particularité de recruter sans limite d'âge, sans diplôme, ni expérience professionnelle. "Les stagiaires ont entre 19 et 55 ans et sont admis sur leur motivation et la sincérité de leur démarche, souligne Louis Suau. Nous nous interdisons de prendre dix mois de la vie de quelqu'un et de l'espoir pour rien. Le bois, c'est le miroir de l'homme. Si on triche, il ne vous renvoie rien. Je veux des gens prêts à laisser leurs tripes sur l'établi." Ses apprentis sont d'anciens chefs d'entreprise, informaticiens, ouvriers, chômeurs ou jeunes lycéens exclus du système. 46 par promotion (dont 17 femmes cette année): 23 en ébénisterie et 23 en sculpture-dorure. Dénominateur commun: passionnés. Le métier d'art vieillit mais ne rompt pas. "La demande est très forte, nous avons d'ailleurs agrandi les locaux." A l'ère du virtuel, l'authentique séduit.
"Après un quart de siècle passé dans l'armée, je vais réaliser mon rêve de gosse: devenir sculpteur sur bois" , explique Jeannot, 50 ans, ancien militaire. Et la formule mise en place par Louis et Alex Suau depuis 1