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Libération
Interview

Kemal Dervis: ""La dérégulation financière est allée trop loin"".

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publié le 26 juin 2000 à 1h52

Aujourd'hui s'ouvre à Paris une conférence de la Banque mondiale consacrée au développement. Dans un entretien à Libération, Kemal Dervis, vice-président de la banque, en charge des questions de pauvreté, explique pourquoi, selon lui, le manque d'Etat ou encore la trop forte dérégulation financière internationale ont leur responsabilité dans l'augmentation de la pauvreté dans le monde.

On semble très bien maîtriser aujourd'hui les mécanismes économiques dans les pays riches, mais ce n'est pas le cas, loin de là, pour les questions de développement. Pourquoi cet écart?

C'est le problème fondamental. Sur les deux derniers siècles, l'écart entre les pays les plus pauvres et les pays les plus riches s'est beaucoup creusé. Au début du XIXe siècle, le rapport allait de 1 à 3. Aujourd'hui, il est de 1 à 37! Pourquoi un tel creusement? La première réponse est que les pays riches ont mieux utilisé le "matériel humain". Mais cela prend du temps. N'oublions pas que la plupart des Etats du Sud viennent à peine d'émerger. Dans les pays qui ont connu un développement important comme la Corée du Sud, ce n'est pas seulement la croissance qui a mené à la réduction de la pauvreté, mais aussi l'efficacité des structures du pays, qu'elles soient juridiques, politiques, sociales et industrielles.

Une efficacité qui a été possible grâce à une certaine dose d'interventionnisme de l'Etat...

Oui. L'analyse de la Banque mondiale a beaucoup évolué sur ce sujet. Auparavant, nous pensions que le facteur ess