Des centaines de robots, des batteries d'ordinateurs et des hommes engagés dans une course pour la découverte d'un nouveau monde. L'histoire du séquençage du génome humain, entre science, politique et technologie, est un véritable western. Elle commence, dans le silence et la science, au milieu du XIXe siècle, dans un monastère de Moravie, où Gregori Mendel égrène des petits pois issus de variétés qu'il a créées dans son potager. Il lit dans les lignes de leur peau les "lois de l'hérédité": les "caractères" (les "gènes", dira-t-on) se transmettent selon des règles universelles.
1966: découverte du "code génétique"
Un siècle plus tard, une question née de cette découverte divise toujours les biologistes. Les gènes sont dans les cellules, certes, mais où? En 1953, trois jeunes chercheurs de Cambridge (Grande-Bretagne), James Watson, Francis Crick et William Witkins, démontrent, dans un article lumineux publié par la revue Nature, que la molécule d'ADN, constituée de "bases", est seule capable d'être le support des gènes. Ce qui leur vaut le prix Nobel en 1962. En 1966, les Américains Khorana, Nirenberg et Holley découvrent le "code génétique", c'est-à-dire la manière dont la machinerie cellulaire traduit les bases de l'ADN en protéines. Ils sont nobélisés en 1968.
On tient le code, mais on n'a pas le texte crypté, la succession (sequence, en anglais) des bases de l'ADN humain. Révéler les 3 milliards de bases qui constituent le texte génétique de l'espèce humaine