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Libération
Interview

"Le séquençage, mission de service public"

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Jean Weissenbach, directeur du Génoscope à Evry:
publié le 26 juin 2000 à 1h51

Jean Weissenbach est directeur du Génoscope, à Evry, où est installé le Centre national de séquençage. En 1996, il a produit, avec l'équipe qu'il dirigeait alors au Généthon, un outil qui a considérablement accéléré la découverte de gènes de maladies: la "carte génétique" de l'ADN humain, l'un des grands objectifs que s'était fixés, dès 1990, le Human Genome Project (HGP), et la dernière étape avant le séquençage. Pour tous les généticiens du monde, y compris le patron de Celera, Craig Venter, Jean Weissenbach est donc "l'homme de la carte". Il présente aujourd'hui la contribution française à l'effort mondial de lecture du texte génétique humain. Son équipe achève le séquençage du chromosome 14. "Mission de service public", estime-t-il. Entretien à la veille du jour J du génome.

Peut-on dire aujourd'hui que l'on connaît l'intégrale du texte génétique humain?

Non. Ce dont on dispose de façon certaine, c'est de l'"ébauche" de la séquence du génome humain, telle que l'avait promise le consortium international Génome humain en 1998. Elle décrit 90 % de l'ADN humain. En clair, 90 % des lettres qui composent le texte génétique humain ont été identifiées, ordonnées et localisées sur les 23 chromosomes humains.

C'est donc un produit imparfait. Peut-il néanmoins être utile à la recherche?

Oui, dans une certaine mesure. La production de cette "ébauche" va faciliter l'inventaire des gènes qui sont éparpillés sur les chromosomes. Mais c'est quand le séquençage sera terminé que l'on pourra vraiment prétendre établir le catalogue complet des gènes humains. Ce sera un grand progrès, même s'il reste, souvent, à découvrir le rôle biologique de ces g