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Les papys bosseurs

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Pénurie de main d'oeuvre oblige, après avoir été mis en pré-retraite, les seniors reviennent sur le marché du travail.
par Delphine CLAUDE
publié le 26 juin 2000 à 1h51

S'arrêter? Quand Simone a été "remerciée" en 1997, à 58 ans, elle n'y a pas pensé. Pourtant, "quand on se retrouve au chômage à cet âge, on est dispensé de recherche d'emploi. Mais mon métier me passionne. Au pire, je n'aurais pas hésité à changer de secteur". Elle n'en a pas eu besoin. Son créneau, les ressources humaines, est porteur. Depuis trois ans, elle enchaîne les missions, la semaine en province, le week-end à Paris.

René, 55 ans, n'a pas cette chance. Petites annonces, cabinet de recrutement, réseau de connaissance: depuis son licenciement en octobre, il a tout tenté. Pas question de baisser les bras. L'ancien responsable d'un réseau de stations-service veut monter son entreprise de conseil, avec deux "collègues" licenciés comme lui. Des cas atypiques?

En France, depuis vingt ans, Etat, partenaires sociaux et entreprises ont multiplié les systèmes poussant les "quinquas" vers la sortie du monde du travail - préretraite totale, progressive, "maison". Un moyen de gérer les restructurations dans la paix sociale. Conséquence de ce consensus? Deux salariés sur trois sortent de l'entreprise avant leur retraite. Mais, au fait, qu'en pensent-ils? "Ce qu'on entend dans les entreprises? Une partie souhaiterait rester, une autre le ferait à condition d'aménagements des postes ou horaires", commente Annie Jolivet, économiste à l'Institut de recherches économiques et sociales (Ires).

Les "quinquas" en ont assez d'être la cible privilégiée des employeurs, affirme, pour sa part, le