Ali Saïd, 63 ans, est "bawab" (gardien d'immeuble) au Caire. Il gagne 5 livres égyptiennes (environ 10 francs) par jour. Il vit avec sa femme, 50 ans, et leur fils, Ayman, 5 ans."Je nettoie les escaliers, je sers d'homme à tout faire. Contrairement à la majorité des bawabs, je n'habite pas dans l'immeuble, car ici, on ne m'a donné qu'une pièce de 3 mètres carrés pour vivre, sans fenêtre et sans eau courante. C'est sale; contre la porte, les gens mettent leurs ordures. Alors je loue pour 60 livres par mois une chambre un peu mieux, non loin d'ici. Mais le propriétaire veut augmenter le loyer. Je vais peut-être finalement prendre la chambre ici, sous la cage d'ascenseur.
Je vis avec ma cinquième femme, qui ne travaille pas, et mon dernier fils, Ayman. Ma première femme est morte et j'ai divorcé des autres. J'ai eu combien... sept, non, huit enfants, surtout des filles. A l'exception d'Ayman, ils sont mariés, je ne les vois que lors des fêtes religieuses.
Ma vie n'est pas facile. Mon genou est foutu depuis que je suis tombé d'un bus et je ne peux le faire soigner. Je n'ai pas droit à la Sécurité sociale car je ne suis pas fonctionnaire. Un ami m'a pistonné pour que l'Etat paie une partie des soins. On m'a mis de l'électricité dans le genou mais ça ne marchait pas, alors j'ai arrêté.
De toute façon, l'hôpital, c'est très dangereux, on y fait mourir les gens. Et puis, si tu ne peux pas payer, on ne te soigne pas. Même pour entrer et faire la queue à l'intérieur, il faut payer 1 livr