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Libération

Daeng, l'enlisement à Bangkok

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publié le 28 juin 2000 à 1h49
(mis à jour le 28 juin 2000 à 1h49)

Daeng Chupinit, 45 ans, veuve, dix enfants. Vit dans un bidonville de Saphan Phut, à Bangkok. Fabricante de guirlandes de fleurs, elle gagne 100 bahts les bons jours (16 francs).

"Je suis arrivée ici il y a six ans. Je venais de la province de Kamphaeng Phet, où ma mère, mes deux frères et moi habitions dans la pagode. Je suis venue d'abord seule à Bangkok. Puis j'ai fait venir mes enfants. J'en ai dix, dont quatre entre 3 et 13 ans. On vit à quatre dans cette cabane de cinq mètres sur cinq. Quand il pleut, ça fuit de partout. L'eau coule dans la maison. C'est dur pendant la saison des pluies. La maison s'enfonce. Avant, on pouvait se tenir debout. Maintenant, la tête frôle le plafond. Le terrain appartient à une compagnie privée. On ne doit rien payer, mais s'ils nous chassent, on doit partir. Il y a deux jours, des hommes du propriétaire et la police sont venus dire qu'il fallait qu'on parte avant le 15 du mois prochain. Ils disent qu'ils vont construire un immeuble. On ne peut pas retourner à la campagne. Il n'y a rien à y faire. On ne sait pas encore où l'on va atterrir. Il y a déjà eu trois incendies, en 1996, 1997 et 1998. On ne sait pas comment c'est arrivé, mais il y avait une forte odeur d'essence et le feu a démarré à plusieurs endroits. Pour moi, c'était une manière d'essayer de nous chasser.

Je confectionne des guirlandes et j'envoie mes enfants les vendre au jardin Amporn (près de l'ancien Parlement, ndlr). Je commence à 3 ou 4 heures du matin et travaille jusqu'à