Karim Abdoul Zoré, 26 ans, célibataire, Burkinabè de Dori (Sahel), immigré en Côte-d'Ivoire, gagne
5 à 10 francs par jour.
"J'ai décidé de quitter le Burkina... Là-bas, la vie est difficile. J'habitais chez mon grand-frère avec ses deux femmes et six enfants, une maison de deux pièces avec un toit de tôle. Pour l'eau, il faut aller puiser à la pompe, le seau coûte 25 francs (1). Moi, j'aidais pour les travaux des champs, mais la terre ne donne pas, elle n'est pas assez riche et puis il ne pleut que trois mois dans l'année. Chez nous, c'est le Sahel, on n'a pas d'argent pour acheter des bêtes. Le problème, c'est que notre terre est trop vieille, ça fait plus de cent ans qu'on la cultive. Certaines années, il ne pleut que deux mois, le mil ne mûrit pas, on doit payer de notre poche pour manger, c'est très dur, il faut parfois quémander.
Au Burkina, tu n'as pas d'argent, tu ne trouves pas de travail. Si tu as un hectare de terre à cultiver, tu peux juste te nourrir. Il faut te débrouiller avec 500 francs (1) par jour, 1 000 peut-être les bons jours.
C'est très difficile pour se loger et puis manger coûte très cher, il te faut 750 francs pour ton plat de riz. C'est l'argent qui m'a poussé à partir et puis la grande ville m'a attiré. A Abidjan, j'habite chez mon oncle. Il vend du bétail qu'il achète à Dori, je vais chercher les moutons et je les revends, je lui verse l'argent et il m'en redonne un peu. Je dors avec ses employés. Une chambre pour huit avec des nattes par terre. Pour s