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Libération

Noori, deux enfants, prostituée à New Delhi

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publié le 28 juin 2000 à 1h49

Noori, 30 ans, divorcée, deux enfants, prostituée

dans le quartier "chaud" de New Delhi, G. B. Road.

Elle gagne environ 300 francs par mois.

"Je suis originaire d'un village du sud de l'Inde. Je me suis mariée à l'âge de 13 ans, mais j'ai divorcé, car mon mari était alcoolique et notre enfant est mort en bas âge. A l'époque, je travaillais dans une usine de soie, où je gagnais 3 à 4 francs par jour.

Vers l'âge de 15 ans, une femme m'a proposé de partir à New Delhi pour me prostituer. J'ai accepté. Je n'avais pas le choix, car je devais nourrir toute ma famille, ma mère, quatre soeurs et deux frères. Mon père est mort quand j'étais très jeune. J'étais innocente, je ne savais rien de ce métier et je pensais que j'allais gagner beaucoup d'argent. En fait, je n'ai jamais gagné ce que j'espérais.

Je travaille et vis avec une trentaine d'autres prostituées du kotha (bordel, ndlr). Je me lève rarement avant midi. J'emmène la plus petite de mes filles dans une école spéciale pour enfants de prostituées. Je ne connais pas leurs pères; elles sont nées de relations avec des clients. Je ne voulais pas concevoir. J'utilise des préservatifs depuis le début, mais parfois ça craque. Je travaille jusqu'à minuit ou 2 heures du matin. Je gagne environ 12 francs par client. A cause du sida, on travaille de moins en moins. Je donne la moitié de l'argent au propriétaire du kotha et 1,50 franc par jour pour l'eau et l'électricité. J'achète mes vêtements et ma nourriture. Je partage une chambre du kotha