Quand, vendredi matin, le ministère de l'Emploi a annoncé que le chômage avait encore baissé de 2,2 % en France (lire ci-dessous), le cours de l'euro est remonté. Il y a trois ans, un tel scénario aurait été inimaginable. Aujourd'hui, les experts économiques eux-mêmes n'en reviennent pas: non seulement la France fait mieux que les autres, mais les indicateurs sociaux viennent au secours de la monnaie européenne! Jean-Claude Trichet semble voué à jouer les éternels Cassandre: vingt-quatre heures après que le gouverneur de la Banque de France a averti que la charge des dépenses publiques et l'alourdissement du coût du travail lié aux 35 heures risquaient de plomber la baisse du chômage, le chiffre du mois de mai démontre qu'il n'en est rien, au moins pour l'instant.
Si les experts semblent assez démunis pour appréhender le phénomène, c'est peut-être que la mesure objective de la productivité devient un exercice de plus en plus difficile. Selon une bête règle de trois, une entreprise qui a besoin de 100 informaticiens à 39 heures devrait théoriquement en employer aujourd'hui 111,4 à 35 heures (payés 39) pour maintenir sa production. Si tel était le cas, les coûts salariaux se seraient effectivement envolés. Mais ceux-ci ont été freinés par trois facteurs, dont deux sont facilement mesurables - les allègements de charges et une moindre progression des rémunérations - et le troisième beaucoup plus subjectif: les gains de productivité liés au passage de 39 à 35 heures, notamment da