L'autre jour, lors d'un festival, je buvais une bière pisseuse et tiède à VINGT-CINQ FRANCS place de la Bastille en compagnie d'un auteur de la catégorie enviée "a réussi à placer des scénars, à avoir un roman adapté au ciné". Ces performances passées, qui ne l'ont guère enrichi car le producteur du film a fait faillite et la vidéo rapporte que couic, l'ont rendu zen et lui font oublier sa mauvaise dentition due au scorbut du romancier popu.
Nous évoquions la déflation des à-valoir à l'acceptation des manuscrits. Il émit l'idée que dorénavant nous nous fassions payer en protéines par les éditeurs. Il a deux enfants qui ont pris la fâcheuse habitude de manger de la viande.
"On pourrait négocier en lipides, protides ou
glucides", avançais-je, séduit par cette idée progressiste et toujours soucieux de précision contractuelle. "Un gros coup, genre "Spielberg-adapte-ton-bouquin", et t'as deux types garés en double file et en tablier de boucher sanguinolent qui te livrent urgemment des carcasses de boeuf. J'en salive déjà." Puis nous avons écarté cette idée en mâchouillant lentement les mouches noyées dans nos demis afin d'en tirer tous les kilojoules possibles. D'abord Spielberg n'existe pas. C'est un truc inventé pour la presse pour faire vendre des bouquins ni faits ni à faire, pour que les articles parlent de l'achat du livre par Spielberg plutôt que du contenu. Ensuite, en admettant que Spielberg existe, comment tout manger ? Il faudrait investir dans un énorme congélateur. Enfi