Que le Parlement ait voté ou non l'accès du marché français du gaz à la concurrence, peu importe, Gaz de France ouvrira de son propre fait le robinet. Pierre Gadonneix, le président de Gaz de France a annoncé hier qu'il appliquerait la directive européenne du 28 juin 1998, qui prescrit le libre transport du gaz sur tout le territoire de l'Union, dès son entrée en vigueur, soit le 10 août.
Problème: le projet de loi de transposition (examiné en mai par le Conseil des ministres) qui doit inscrire ladite directive dans le droit français, n'est pas passé devant le Parlement. La faute au gouvernement qui a trop tardé pour que la France soit dans les temps prescrits par l'Union. Mais, paradoxe, GDF est toujours légalement en charge du monopole de la distribution du gaz sur le territoire de la République. Pierre Gadonneix passe outre: "en droit les directives européennes sont supérieures à la loi française" argue-t-il.
Gaz de France a donc préparé son ouverture à elle, de connivence avec le gouvernement qui ne veut pas, pendant sa présidence européenne, être accusé d'être un mauvais élève de l'Union. "Nous appliquerons strictement la directive", explique Pierre Gadonneix. Donc les 100 plus gros clients industriels français, consommant plus de 25 millions de m3 par an (20 % du marché environ), pourront se faire livrer du gaz par un concurrent de GDF, en empruntant ses tuyaux. L'opérateur public a tout prévu: un tarif qui tient compte des volumes livrés, de la distance (disponible dès