Menu
Libération

Sogo, la faillite du système nippon.

Article réservé aux abonnés
Le dépôt de bilan signe l'échec du soutien aux canards boiteux.
publié le 15 juillet 2000 à 2h17

Tokyo de notre correspondant

Les chiffres sont énormes et ils parlent d'eux-mêmes. Avec son dépôt de bilan annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi, le groupe commercial japonais Sogo, endetté à hauteur de 1 800 milliards de yens (plus de 100 milliards de francs), vient d'entrer dans les annales de l'archipel de la pire manière, et au pire moment qui soit. Plus importante faillite officielle jamais enregistrée au Japon, et ce à quelques jours du sommet des pays du G8, du 21 au 23 juillet sur l'île d'Okinawa. Cet épilogue douloureux vient en réalité conclure plusieurs mois d'atermoiements coupables de la classe politique nipponne et des principaux dirigeants de l'agence nationale chargée des réformes bancaires. Un véritable coup de tonnerre dans le ciel de la deuxième puissance économique mondiale.

Cavalerie financière. La politique de relance à coup d'injection massive d'argent public depuis la crise asiatique de 1997-1998 continue trop souvent à masquer le refus du pouvoir et des milieux d'affaires d'avaliser d'inévitables restructurations industrielles. Impossible en effet de ne pas voir, derrière la chute dramatique de Sogo, la main du gouvernement. Depuis des années, ses experts n'ignoraient rien de la cavalerie financière longtemps pratiquée par le groupe commercial. Le 30 juin, l'administration nippone avait encore approuvé un montage acrobatique destiné à éviter au groupe le discrédit d'une faillite, alors que ses pertes continuaient de s'accumuler et que toutes les étu