Un grand industriel qui laisse tomber, deux repreneurs successifs, un troisième qui joue l'esquive, deux dépôts de bilan à la clé, une mise en liquidation judiciaire prononcée le 5 juillet dernier après plusieurs sursis: qui est responsable de la crise sociale de Givet? Personne, à en croire les différents protagonistes de ce dossier, qui pointent tous du doigt la lente agonie du textile français depuis une quinzaine d'années, très déficitaire et concurrencé par le Sud-Est asiatique. La crise du textile a bon dos. Et si c'était plutôt le délitement des responsabilités des uns et des autres qui expliquait la liquidation judiciaire de Cellatex?
Légèreté. Aucun des responsables du dossier n'a apparemment commis de fautes, aucun n'a vraiment manqué à ses devoirs. Presque tous ont fait preuve de légèreté ou d'indifférence. Ou sont aux abonnés absents. Ce qui pose un énorme problème aux pouvoirs publics et au préfet de région: «Toute la question est de savoir qui doit payer la prime exceptionnelle réclamée par les salariés: en principe, c'est le propriétaire du site ou son actionnaire qui doit régler la note. Mais la filature de Givet, en liquidation judiciaire, n'appartient à personne. Vers quel payeur se tourner?», se demande un haut fonctionnaire.
Sûrement pas vers Rhône-Poulenc, propriétaire du site de 1971 à 1991, et injoignable hier: à cette époque, en bon industriel, le groupe se débarrasse sans état d'âme de son secteur textile, déficitaire. Et fait même cadeau d'un abandon