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Libération

Une goutte d'acide dans un océan de pollution

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L'usine Cellatex rejetait dans l'eau et dans l'air des produits hautement toxiques.
publié le 20 juillet 2000 à 2h23

Givet envoyé spécial

La bombe n'est pas forcément où on le croit. Quand on demande à quelques employés de l'usine Cellatex ce qu'ils pensent de la pollution de la Meuse orchestrée il y a deux jours, ils rigolent: «c'est moins que ce qu'on balance toutes les semaines». Les produits chimiques que les employés menacent de faire exploser ou de déverser dans la rivière mobilisent l'attention des médias depuis quelques jours mais la Drire (Direction régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement) a un oeil dessus depuis plusieurs années.

Chape de plomb. Le site, classé Seveso, figure dans la liste noire des entreprises les plus polluantes de France. Première position pour les rejets de zinc, deuxième pour les rejets d'hydrocarbures (devant les raffineries) et 27e pour les composés organiques volatiles (COV), hautement cancérigènes. Pas mal pour une PME de 153 employés. «C'est un des points noirs de la région», explique-t-on à la Drire Champagne-Ardennes. Un point noir remarquablement passé sous silence depuis dix ans; tout le monde a fermé les yeux sur des faits aujourd'hui avérés: les émanations atmosphériques et les rejets aquatiques de Cellatex étaient hors normes.

Normes oubliées. La Drire a établi une série de propositions pour mettre l'usine aux normes. Mais un seul arrêté a été déposé par la Préfecture, en 1994. Le texte exigeait la création d'une station d'épuration et l'évaluation des émanations de gaz. «Pour des raisons économiques, il n'a pas été appliqué»