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Libération

Une pierre sans pedigree.

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L'origine d'un diamant est quasi impossible à déterminer.
publié le 20 juillet 2000 à 2h24

«Demandez à un bijoutier s'il peut faire la différence à l'oeil nu entre un diamant et un oxyde de zirconium. Il vous dira que oui, et pourtant il se trompera une fois sur deux.» Le verdict de Jean-Pierre Chalain, directeur du département diamant au SSEF (institut suisse de gemmologie), est sans appel: il n'existe pas de méthode scientifique fiable pour identifier la provenance d'un diamant. «Le marchand qui prétend qu'il peut savoir du premier coup d'oeil si une pierre provient d'Angola ou d'ailleurs raconte des histoires à ses clients.» Le communiqué publié hier par les organisations diamantaires constate l'impossibilité de déterminer la provenance des pierres une fois taillées.

De fait, l'identification des diamants est un domaine en friches. «Avant 1998 et l'embargo sur l'Angola, cela n'intéressait personne, explique un responsable du Conseil supérieur du diamant en Belgique. Nous avons lancé un programme de recherches universitaires qui nécessitera au moins cinq années avant d'espérer une méthode fiable.» A l'opposé, les pierres de couleur sont scrutées depuis longtemps. «Historiquement, l'origine de ces gemmes détermine le prix. Le saphir du Cachemire a une valeur mythique. D'où le besoin des marchands de pouvoir identifier sa provenance à coup sûr», justifie Jean-Pierre Chalain. Au centre de recherches pétrographiques et géochimiques de Vandoeuvre- lès-Nancy, l'équipe de Gaston Giuliani avait montré comment identifier le pedigree des émeraudes en analysant ­ sans intru