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Libération

Adelshoffen: l'art de la pression

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Les salariés espèrent rompre l'indifférence de l'opinion publique.
publié le 22 juillet 2000 à 2h28

Schiltigheim envoyé spécial

Comment alerter l'opinion publique sur son sort, lorsqu'on est un petit groupe de salariés confronté à l'indifférence estivale? Les 153 salariés de l'usine Cellatex à Givet ont réussi «par la menace». Cela a donné des idées à d'autres; Morad Rabi, secrétaire du CE de l'usine ardennaise de textile en liquidation, a même reçu des coups de fil d'autres employés: «On est 400 à être licenciés, comment on peut faire pour que l'opinion parle enfin de nous?»

A Schiltigheim, dans la banlieue nord de Strasbourg, on se défend d'avoir voulu imiter les Cellatex. Et pourtant, en brandissant également la menace de l'explosion, les salariés de la brasserie dont Heineken a annoncé la fermeture en avril dernier ont réussi, eux aussi, à sortir de l'anonymat.

Attirer l'attention. «On a organisé quatre manifestations. Le 23 mai, on a décidé de débrayer cinquante minutes toutes les huit heures. La production a été diminuée de moitié, de 60 000 à 30 000 bouteilles/heure. On ne nous a même jamais demandé de la rétablir à son niveau normal», soupire Jean-Claude, chef d'équipe, qui a passé vingt-cinq ans dans la brasserie. Jusque-là, toutes les actions des salariés ont été vaines. Alors, quand la direction n'a pas daigné se rendre à la réunion du CE, les représentants de la centaine d'ouvriers concernés ont envoyé une lettre aux antennes régionales de TF1 et France 2 pour les avertir qu'ils menaçaient de faire sauter les bonbonnes de gaz. «Pour attirer l'attention, il fallait