Nicholas Bayne est professeur à la London School of Economics et expert du Groupe de Toronto, qui suit depuis 1987 les rencontres du G8. Présent à Okinawa, il revient, pour Libération, sur les leçons de ce sommet.
Le G8 a mis l'accent cette année sur les dangers d'une mondialisation mal maîtrisée. Est-ce vraiment nouveau?
Non. Depuis le sommet de Lyon, en 1996, les leaders du G7-G8 savent qu'ils doivent porter remède à certaines plaies de l'économie mondiale, comme l'endettement des pays pauvres ou la criminalité financière. Mais prétendre vouloir «humaniser la mondialisation» ne suffit pas. Il faut aussi agir. Et là, les choses continuent de patiner.
On en reste donc au stade du constat?
Le G8 connaît ses dossiers. Sur la question des nouvelles technologies et du fossé numérique, par exemple, le communiqué est une excellente synthèse des enjeux et des défis actuels, largement inspirée, il faut le dire, des réflexions conduites par le secteur privé. Mais une seule décision a été prise: la constitution d'un groupe de travail surtout chargé de rédiger un rapport annuel. Quid des problèmes d'infrastructures qui interdisent à tant de pays d'avoir accès à l'Internet? Quid du manque d'électricité, de l'absence de lignes téléphoniques, des systèmes éducatifs en friche? Où sont les propositions pour combattre ces inégalités? Même chose pour le commerce international. Le G8 se dit favorable au principe d'une suppression des droits de douane et des quotas sur les exportations des pays les