Mauvais été pour les industriels du tabac. Début juillet, ils ont été condamnés par un jury de Floride à verser 145 milliards de dollars de dommages et intérêts à des victimes du tabagisme. Il y a une quinzaine de jours, c'est Bruxelles qui ouvre une enquête sur les liens entre les industriels et la contrebande de cigarettes en Europe. Hier, c'est l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui s'en prend à leur «tentative de subversion bien financée, sophistiquée et généralement invisible», dont elle aurait été la cible. Selon un rapport effectué par un comité indépendant, certains journalistes et des experts travaillant temporairement dans des comités de l'OMS auraient été manipulés par l'industrie du tabac.

Certains experts n'auraient pas révélé qu'ils étaient payés par l'industrie du tabac tout en donnant leur avis. «Un certain nombre d'entre eux n'avaient pas conscience d'être manipulés», a admis Thomas Zeltner, directeur de l'Office fédéral suisse de la santé publique auquel l'OMS a confié le soin de diriger cette enquête. Les compagnies productrices auraient aussi «tenté de détourner l'attention des questions de santé liées au tabac, de réduire les budgets [...] de l'OMS, de créer la division entre l'OMS et les autres agences, de convaincre les pays en développement que les programmes de contrôle du tabac étaient un thème du monde développé au détriment des pays en développement, de déformer les résultats d'importantes études scientifiques sur le tabac, de discréditer l'