Aillevillers envoyé spécial
La première action spectaculaire remonte à une semaine. Vingt salariés de l'usine Lyonnet d'Aillevillers (Haute-Saône) prenaient en otages, pendant cinq heures, deux comptables et deux commissaires aux comptes. Au téléphone, un comptable, séquestré dans son bureau, rageait: «Mais qui croient-ils intéresser, hein, avec cette mascarade?» Qui pour s'intéresser à une poignée d'employés d'une entreprise de matériel agricole qui lutte contre la liquidation et pour une modeste prime de 30 000 francs par tête?
Car Aillevillers, à 50 kilomètres de Vesoul, sous les Vosges, «c'est un peu perdu». On y accède par une petite départementale, on croise surtout des vaches et du foin. «Là-bas, c'est la cambrousse», raillent ceux de Vesoul. Et Lyonnet, c'est «seulement une petite entreprise qui fabrique des bétaillères et des bricoles, des auges à cochons, des râteliers». Pas vraiment de quoi mobiliser l'attention des foules. Sauf que traînait dans l'air de l'été social un parfum de poudre et de pneus brûlés.
Vendredi soir vers 18 heures, les salariés ont envoyé un commando de quatre hommes occuper la mairie du bourg, profitant de «l'air du temps».
La veille, déjà, Aillevillers s'était réveillé à 9 heures dans le fracas d'une explosion. Un baril de diluant de peinture de 200 kg qui a laissé une empreinte noire dans la cour de l'usine et qui a soufflé les carreaux des bureaux. «Le préfet a été terrorisé, persuadé qu'on avait fait sauter tous les carreaux du pays. Les RG