Le bourbier s'épaissit pour Bridgestone et sa filiale américaine Firestone. Enlisé dans une polémique après avoir tardé à rappeler 6,5 millions de pneus Firestone défectueux, coupables, selon une enquête, de 200 accidents et de 46 décès (Libération du 14 août), le fabricant de pneumatiques japonais Bridgestone fait face à la chute libre de son action. Hier, le titre perdait 5,2 points à la Bourse de Tokyo, soit un recul de 20 % depuis une semaine. Ce nouveau plongeon suivait l'abaissement de la notation de Bridgestone, lundi, par les agences Standard and Poor's et Moody's.

Les agences de notation, toutes-puissantes muses des investisseurs et des banques, ont justifié leur pessimisme par le déficit d'image, le coût du remplacement des pneus, 350 millions de dollars, et celui de poursuites prévisibles (une centaine de victimes ou parents ont déjà saisi la justice). Mais, surtout, les analystes redoutent que les relations commerciales entre Bridgestone et ses clients se dégradent sérieusement, à commencer par celles avec Ford. Les trois types de pneus incriminés équipaient surtout les véhicules du constructeur américain, dont l'emblématique 4 x 4 Explorer, l'une des vitrines de Ford.

Ford accuse. Selon le constructeur, qui plaide non coupable et «charge» son fournisseur Firestone, ce dernier était au courant du problème depuis 1997 et l'aurait dissimulé à ses clients. Ce n'est que la semaine dernière que les dirigeants de Ford se seraient rendu compte du nombre élevé de plaintes