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Libération

L'excès de zèle nuit à la santé

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Deux employés de Décathlon intoxiqués demandent réparation.
publié le 17 août 2000 à 3h28

Lille de notre correspondante

Depuis qu'ils travaillent chez Décathlon, Sébastien respire avec difficulté et Jean-François a le foie malade. Pendant huit mois, ils ont fabriqué des prototypes de semelles de chaussures pour Décathlon-Campus, au siège, près de Lille. Ils ont manipulé des solvants et des isocyanates (1) dans un local de 3 m2, sans aération, sans gants spéciaux, sans combinaison, jusqu'à 12 heures par jour. Ils avaient un masque pour deux, dont les cartouches ont été changées trois fois en huit mois et non tous les deux jours. L'atelier baignait dans les vapeurs et la poussière. En mars 1999, quand il a été déclaré inapte au prototypage, Sébastien avait perdu 46 % de sa capacité pulmonaire, à 25 ans. Jean-François, 33 ans, a perdu 10 kg, il est asthénique: le moindre geste l'épuise. Aujourd'hui designers virtuels pour Décathlon, avec un ordinateur pour deux, ils vont mieux. Sous étroite surveillance médicale, ils demandent réparation financière.

«On pisse bleu». Pourtant, Décathlon c'est une famille... Un système «Vrai, vital, fraternel, responsable». Le slogan fleurit sur les murs des bureaux. «On s'y sent tout de suite bien», raconte un ancien collègue. «A Campus ­ 400 ingénieurs, 800 techniciens ­, dans la bonne humeur, dans des bureaux sans cloisons, tout le monde se tutoie. On est jeunes, dévoués à l'entreprise.» On fait la fête le week-end, du sport et on met un point d'honneur à ne pas compter ses heures. «Bref, on pisse bleu, comme on dit à Décat'», résume