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Libération

Nouveau Concorde: un oiseau de chimère

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Trop cher, trop polluant... les compagnies aériennes ne croient pas à un nouveau supersonique.
publié le 18 août 2000 à 3h31

Avec sa double casquette de ministre des Transports et de principal représentant du Parti communiste au sein du gouvernement, Jean-Claude Gayssot se devait, logiquement, de défendre le Concorde, emblème de la technologie française. Pour lui, la suspension du permis de voler qui frappe l'appareil n'est pas nécessairement l'arrêt de mort du Concorde. Et le ministre se dit convaincu qu'il y aura dans le futur «une nouvelle génération de supersoniques». Ce solide optimisme surprend beaucoup les professionnels du transport aérien. «L'avenir, c'est le transport de masse à la portée de toutes les bourses», fait-on valoir chez une grande compagnie européenne.

Trop cher. Avec la hausse du nombre de passagers, la forte concurrence qui caractérise le secteur, la stratégie des transporteurs s'oriente vers des gros porteurs. Jacques Maillot, le président de Nouvelles Frontières ­ l'un des principaux tour-opérateurs ­ a ainsi salué l'annonce du lancement de l'avion géant A3XX par Airbus (un avion de 480 à 650 places), car il va permettre de baisser les prix de 20 à 25 %. Tout le contraire de l'avion supersonique, gourmand en carburant, coûteux à l'acquisition, qui oblige les compagnies à facturer les billets au prix fort pour équilibrer leur gestion. Air France, qui exploite depuis vingt-quatre ans le Concorde, en sait quelque chose. Pour rentabiliser l'appareil, elle l'a recentré sur la ligne Paris-New York. Cette activité n'est devenue bénéficiaire qu'avec un billet facturé 59 430 francs