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Libération

Pétrole trop cher, pêcheurs à quai

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A Concarneau, sortir en mer n'est plus rentable: 260 marins concernés.
publié le 24 août 2000 à 3h39

Concarneau (Finistère) envoyée spéciale

«On n'a jamais vu un type aller travailler en usine juste pour payer ses frais de transport. Pourtant, avec la pêche, c'est ce qui se passe.» Jean-Yves, 36 ans, est embarqué sur l'un des 14 navires de l'armement Dhellemmes. Aujourd'hui il reste à terre, son employeur a décidé de ne plus faire sortir les bateaux. Le gazole est trop cher, 2,09 F par litre, deux fois plus qu'il y a un an.

«Salariés solidaires». «Ce n'est pas une grève, c'est une décision de gestion, on ne peut plus faire fonctionner l'entreprise», précise Hervé Jeantet, directeur général de Dhellemmes qui a initié le mouvement vendredi, rejoint le lendemain par un autre armement semi-industriel de Concarneau, Nicot. «Les bateaux nous coûtent plus cher en mer qu'à quai. Je suis conscient d'avoir pris une décision grave, mais les représentants des salariés sont solidaires. Ils ont compris qu'on leur demandait de se couper le doigt aujourd'hui pour éviter de se couper le bras demain.» Les dépenses en carburant sont passées de 9 % du chiffre d'affaires à 18 %, voire 25 à 30 % selon les entreprises et le type de pêche. «Notre drame, c'est que, contrairement aux transporteurs routiers, on ne peut pas répercuter la hausse sur nos clients puisque le poisson est vendu à la criée (aux enchères, ndlr). En plus, ça fait baisser les salaires.»

A Concarneau, les marins sont payés à la part, un pourcentage des ventes calculé après soustraction des coûts fixes. «En quelques mois les marins