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Libération
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L'ultime train-train quotidien

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Alain Torrès, cheminot, quitte la SNCF après vingt-neuf ans de rail.
par Philippe MURARO
publié le 4 septembre 2000 à 3h59

Le cahier Emploi inaugure pour la rentrée une série, «Leur dernier jour de travail», entièrement réalisée en texte et en image par le photographe Philippe Muraro.

Jeudi 16 décembre 1999, 4 h 30, dépôt d'Achères. Le mercure du thermomètre s'en va gambader en dessous du zéro tandis qu'Alain Torrès donne les derniers coups de pédale qui l'emmènent vers une BB 17000, pour ce qui sera sa dernière «prise du manche». Dans quelques heures, après avoir ramené la loco au bercail, il aura terminé sa vie de conducteur de train. Dorénavant, quand il empruntera ce moyen de locomotion, ce sera côté fenêtre ou couloir. Pense-t-il, en ces instants, à son premier convoyage solo, une BB 66000, un train de marchandises entre Achères et Versailles en 1974, l'année où il obtint son diplôme d'agent de conduite? Pas sûr.

4 h 47 pétantes. A la SNCF, le respect des horaires est érigé en vertu maniaque. Alain, après avoir pris son recueil d'horaires au bureau du dépôt, s'apprête à la préparation courante de sa locomotive. Routine des préparatifs, essais de fonctionnement des différents appareils de sécurité, et, ce qui est impératif, vérification des systèmes de freinage. Il est accompagné par son chef de service, responsable d'une écurie d'une trentaine d'agents de conduite. René Q. n'est plus là pour vérifier si Alain conduit comme une brêle ou non, depuis le temps ça se saurait, mais parce que c'est la tradition seuneuceufeu. Quand un conducteur s'en va en retraite, ses dernières prestations ferrovia