Menu
Libération
Reportage

Le poulet breton pique du bec en silence

Article réservé aux abonnés
Le dépôt de bilan de Bourgoin met à mal toute la filière de la volaille.
publié le 4 septembre 2000 à 3h58

«On n'entre pas.» Le directeur de l'usine Douce France de Trémorel (Côtes-d'Armor) est désolé. Mais il a reçu des consignes très claires de sa direction. Alors que l'ensemble du groupe Bourgoin a été placé en dépôt de bilan le 21 août, seuls les potentiels repreneurs sont admis dans les usines. Le sort des 5 000 salariés de Bourgoin SA (BSA) va se jouer à huis-clos. C'est pourtant toute la Bretagne, où se trouvent des centaines d'éleveurs qui produisent de la volaille pour le groupe, qui risque d'être entraînée dans la chute de Bourgoin.

Discrétion. Il ne faudra pas compter sur les ouvriers de Bourgoin pour faire parler d'eux. A la sortie de Douce France, on est très loin de se révolter. «Quand le dépôt de bilan a été annoncé, certains se sont inquiétés, explique Sylvie, cinq ans d'usine chez Bourgoin. Mais depuis on n'en parle pas. Que voulez-vous y faire? C'est la fatalité.» Le secteur de l'aviculture cultive en effet la discrétion, comparée aux violences des éleveurs de bovins ou des producteurs de fruit. Qui sait d'ailleurs que la France est le premier producteur européen de volailles? Qui fait le lien entre Gérard Bourgoin, le fondateur de BSA, deuxième groupe français de volailles, et le tout nouveau président de la Ligue nationale de football, ancien vice-président du club d'Auxerre. Un homme qui s'affiche dans tous les journaux avec ses «copains» Gérard Depardieu ou Fidel Castro. Mais quand il s'agit de parler poulet, lui et sa fille Corinne, qui est