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Libération

Sandwich pour tout le monde

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publié le 4 septembre 2000 à 3h59

Déjeuner? n'y pensez plus! En Australie, par exemple, la pause-repas tend à disparaître, y compris dans les milieux où il était de bon ton de déjeuner en clientèle. Cas d'école, la finance: jusqu'à l'an dernier, le marché obligataire fermait entre midi et deux. Cette gastronomique habitude avait même généré un curieux phénomène baptisé «l'effet Bordeaux»: l'après-midi,

le marché reprenait de façon apparemment inexplicable, tout bêtement parce que, après avoir bien bu, les opérateurs, euphoriques, se mettaient à acheter, constate le New York Times (1). Selon le quotidien américain, l'arrosage systématique est aujourd'hui en voie d'extinction, pour des raisons diverses et variées. La mondialisation de l'économie, bien sûr, enchaîne les salariés à leur ordinateur et les convertit progressivement au sandwich sur le pouce. Mais l'Australien est par nature sportif et il délaisserait de plus en plus les restaurants au profit des salles de sport. Sans doute, analyse notre confrère, les questions d'argent motivent-elles également cette soudaine frugalité. Depuis quelques années, les repas d'affaires ne sont plus déductibles des impôts et, autre drame de la fiscalité locale, les plats servis au restaurant sont soumis à une nouvelle taxe de 10 %. Mais le radinisme reste une excuse marginale et trop nationale pour expliquer le boom des sauts-de-repas. Car le phénomène n'a rien d'australien. Depuis longtemps les Américains sont les champions du «déj pris sur le pouce». D'après le journal