Fabien, 28 ans, travaille
l'été comme vacher dans les pâturages des Pyrénées.
«Au début, ça surprend un peu les copains, «va quoi?», «vacher, gardien de troupeau, si tu veux». J'explique : je campe là-haut dans 1 800 hectares de montagne avec 200 bêtes, veaux, vaches, génisses, quelques juments. Mon boulot c'est de les surveiller, de vérifier que l'effectif est au complet, que les petits tètent bien sous leur mère. J'ai des listes avec leurs numéros de série si on veut, quoique, à force, je finis par les reconnaître au son de leur cloche. Et puis, comme les vaches ne se déplacent qu'en groupe, je peux les repérer de loin avec les jumelles et marcher, marcher. C'est mon quotidien, cinq à huit heures de marche par jour, j'avale du dénivelé, du sentier balisé ou non. Au début, j'étais éreinté le soir, aujourd'hui j'ai une cadence de marathonien. La forme, quoi, et la liberté, que demander de plus ? J'ai zéro patron, juste un portable qui me relie à la vallée et aux éleveurs en cas de besoin. Je dispose d'une petite cabane, une sorte de refuge, minimaliste mais confortable. J'emmène peu de choses, un chapeau que je ne quitte pas, un vieux pantalon à trous, de bonnes chaussures, un bâton, des bouquins, mon cerf-volant pour les soirées ventées, de quoi manger quand j'ai faim. Je pense être le smicard le plus libre de la région, le pistonné le plus heureux, parce que c'est le berger du coin, auquel j'avais rendu quelques services, qui m'a présenté au groupement pastoral. Je suis payé