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Libération

Le placard doré des onze salariés de Cléopâtre

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Ces employés vivent mal leur inactivité rétribuée.
publié le 5 septembre 2000 à 4h01
(mis à jour le 5 septembre 2000 à 4h01)

Saint-Barthélemy-d'Anjou envoyé spécial

En abandonnant à leur inactivité les onze salariés de son département logistique français, un repreneur américain a inventé la mise au placard collective. En février dernier, le groupe américain Claire's a repris la société de diffusion de bijoux fantaisie Cléopâtre, court-circuitant aussitôt le flux de cinq à six mille colis par mois qui transitait jusque-là par le dépôt de l'entreprise située dans la banlieue d'Angers. L'établissement de Saint-Barthélemy-d'Anjou qui approvisionnait les 42 boutiques du réseau français ne sert plus à rien puisque toute la marchandise, des bijoux en provenance de Thaïlande et de Chine, passe désormais par la plate-forme logistique britannique de la filiale, Claire's UK. Les salaires des Angevins sont versés depuis six mois, sans le moindre retard, mais l'activité de la petite entreprise s'est réduite à l'envoi de produits de nettoyage, papier toilettes et sacs-poubelle destinés aux 42 boutiques françaises.

Silence et questions. «Il faut avoir vécu la situation pour savoir ce que c'est d'aller au travail pour être payé à ne rien faire. On est toujours sur les nerfs. On culpabilise alors qu'on n'y est pour rien», disent les salariés, qui se demandent si le but n'est pas de les faire craquer en les poussant à la démission. Histoire d'économiser le coût d'un plan social. «Malgré quatre à douze ans d'ancienneté, les procédures de licenciement ne seraient pourtant pas si coûteuses, alors pourqu