Coryton (comté d'Essex) envoyé spécial
Ceux qui ont déclaré la guerre à Tony Blair devisent gaiement avec les deux policiers chargés de les surveiller. Petits transporteurs ou gros céréaliers, ils ne sont pas plus d'une vingtaine à camper avec leurs maigres banderoles devant la raffinerie de Coryton, sur l'embouchure de la Tamise. Ils ne cherchent pas à approcher l'enchevêtrement de tuyaux et de cheminées qui leur bouche l'horizon. Ils n'empêchent même pas les assiégés d'aller et venir, et adressent un salut de la main aux agents de sécurité de la British Petroleum. C'est un blocus qui ne bloque rien. Le tracteur et les sept poids lourds sont garés sur un terre-plein à l'écart de la route. Leur simple présence suffit. Pas une goutte d'essence destinée aux stations-service ne sort depuis lundi matin. Seuls les hôpitaux et les pompiers continuent d'être approvisionnés.
«Solidaires». Après le pays de Galles, la Cornouaille et le nord de l'Angleterre, c'est au tour du Sud-Est de sombrer dans la paralysie. Tony Blair enchaîne les réunions de crise et envisage de faire intervenir l'armée. Mais qui dit bataille dit combattants. Il n'y a, ici, ni barricades ni forcenés. «Pas besoin de barrage! Les compagnies pétrolières refusent de prendre des risques avec leurs camions-citernes et leurs chauffeurs sont solidaires de notre mouvement», explique John Jolly. Céréalier, il possède 150 hectares de bonnes terres à Burn on Crouch.
Aux critères français, il tient davantage du gentleman-farmer