La pauvreté est contagieuse. La preuve: le revenu moyen des 20 pays les plus riches est aujourd'hui 37 fois plus élevé que celui des 20 pays les plus pauvres. Un écart qui a doublé depuis 1960. C'est cette dérive que dénonce le rapport de la Banque mondiale («Combattre la pauvreté»), publié hier. S'il rappelle un constat accablant 2,8 milliards d'habitants vivent avec moins de deux dollars par jour, et 1,2 milliard avec moins d'un dollar (voir graphique), il prend ses distances avec le discours euphorisant sur les bienfaits de la mondialisation. Entre-temps, l'«effet» Seattle est passé par là. Les débats internes ont laissé des traces (lire Libération du 10 juillet). Et la réunion annuelle de la Banque, aux côtés du FMI à Prague dans quinze jours, s'annonce sous un ciel contestataire chargé.
1/ Amender le dogme de la croissance. «La pauvreté n'est pas qu'un processus économique», dit le rapport. Un peu à la manière du Pnud (Programme des Nations unies pour le développement), réputé à gauche, la Banque ne considère plus le développement uniquement comme une «loi» économique. L'ouverture sur le marché est certes indispensable pour élargir les «opportunités». Mais, note l'économiste en chef de la Banque, Nicholas Stern, il faut «de nouvelles ères d'actions et de nouvelles politiques» qui permettent aux pauvres «de bénéficier directement de la croissance» dans la santé, l'éducation et les infrastructures. Surfant sur l'idée d'une «bonne gouvernance» pourtant brocardée comme u