Opération séduction. Alors que les institutions de Bretton Woods connaissent une crise de légitimité sans précédent, la Banque mondiale fait le dos rond, avance l'idée de «rupture» et parle d'humilité. C'est, en filigrane, ce qu'est censé signifier son rapport annuel publié mardi (lire Libération d'hier). Certes, reconnaît un des ses hauts fonctionnaires, «la lutte contre la pauvreté a globalement été un échec». Certes, dit-on encore, «l'analyse purement économique et financière risque de toujours l'emporter sur le social». Certes, elle reste «prisonnière» de ses actionnaires, donc des Etats-Unis, donc du Trésor américain. Mais il faut donner le sentiment qu'«il se passe quelque chose». «Il y a dix ans, on était messianique, très "y a qu'à", dit ainsi un expert de la Banque. Aujourd'hui, on reconnaît qu'il n'y a plus de formule miracle. Si, sans croissance, on ne peut réduire la pauvreté, pour qu'il y ait croissance, il faut une réduction des inégalités, une politique sociale forte, et plus de démocratie.» Plus de conditionnalité. «On milite pour le rôle de l'Etat, en amont, dans les politiques sociales, et en aval, dans la nécessaire redistribution, ajoute un économiste de l'institution. ça c'est nouveau!» Nouveau? Pas sûr (lire ci-contre).
Charité. «Il y a un problème de logique, réplique ainsi Christophe Aguiton, d'Attac. On regrette le désengagement, mais on délègue au privé le soin de gérer la pauvreté. On se sert des ONG comme d'un alibi et on s'inscrit dans une logique