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Libération

Le chômage «artistique»

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publié le 18 septembre 2000 à 4h27

Forbach envoyée spéciale

Au coeur de l'ancien bassin houiller de Lorraine, la ville de Forbach (Moselle) propose en ce moment, à tous ceux qui s'intéressent aux relations entre l'homme et le travail, un curieux parcours initiatique. Une exposition (1), organisée dans l'ancien lavoir du carreau Wendel, retrace plus de deux mille ans d'histoire laborieuse avec, au passé, son lot de violences, d'asservissements, de grèves, d'exclusions et, au futur, l'arrivée des nouvelles technologies, la flexibilité, la mondialisation...

Mais le plus insolite est ailleurs. A quelques kilomètres de là, au centre de Forbach, le metteur en scène Jean-Michel Bruyère montre, lui, le chômage, ou plutôt l'«inactivité» sous une forme inhabituelle et plutôt dérangeante. Jean Osinski, 27 ans, né à Forbach et inactif, joue son propre rôle: ne rien faire. Sous la conduite d'un gardien qui fait visiter le «musée Jean-Osinski» en vous intimant l'ordre de «ne pas déranger Jean dans son inactivité», vous entrez dans son appartement où le principal intéressé passe l'essentiel des heures d'ouverture du musée (2) à ne rien faire, assis devant un écran d'ordinateur muni d'une webcam pour retransmission sur Internet (3). Ce mercredi, à 14 h 30, Jean Osinski se livre à une «inactivité totale»: il dort. Vous êtes invité à entrer dans sa chambre, et vous asseoir sur l'une des chaises prévues à cet effet pour regarder le locataire des lieux dormir, volets tirés, enroulé dans une couette avec, au pied du lit, une douzai