Vendredi 30 juin 2000. Ecole maternelle des Saules à Collégien, en Seine-et-Marne. Dominique Palomba accueille dans sa classe un effectif amoindri par les grandes vacances toutes proches. Ils sont une vingtaine, dans la grande section de maternelle, à répondre présent à l'appel de la maîtresse. Trente-quatre ans d'appels, on sent la maîtrise, les petites croix cochées prestement dans les cases adéquates. Dominique déroule, tranquille, un exercice qui consiste à écrire en lettres bâton, le jour, la date et, en dessous, «Vive les vacances». Ce qui réjouit tout le monde, sauf deux ou trois, la tête encore embrumée, qui recopient sans trop savoir.
Installée à une table basse, elle voit papillonner autour d'elle les enfants venus lui montrer leurs exploits calligraphiques. Corrige, encourage, aide, sermonne gentiment, gomme, félicite, plaisante. Après l'exercice d'écriture et la distribution d'un goûter, voici venu le temps de la plus longue récré de l'année, grande comme une sucette supergéante.
Rires et marelles. Dominique retrouve dans la cour ses collègues qui ont décidé d'appliquer la même sanction aux gamins ravis. Toutes les récréations se ressemblent, les mêmes situations, jeux, bousculades, rires, pleurs, égratignures, cris. Dominique refait un lacet, désembrouille une histoire de priorité dans un accident de poussette et de tracteur à pédales, est sollicitée pour monter dans un train, confisque une babiole, met au coin un énervé, soigne un bobo, prend sur