C'est un sommet à reculons. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) tiennent depuis hier, et jusqu'au 27 septembre, leur 55e assemblée annuelle à Prague. Jamais une telle rencontre ne s'était jouée, une telle inquiétude chevillée au corps. «On a peur d'y aller, qu'est ce qu'on a à gagner là-bas?», avouait un responsable de la Banque, échaudé après une déjà très houleuse
réunion de printemps à Washington. C'est que deux rituels et deux visions du monde vont se télescoper en République tchèque. Il y a le sommet, sur fond de perspectives économiques mondiales toujours florissantes, et il y a le contre-sommet ce «qui va se passer dans la rue», dit Wolfensohn, directeur de la Banque sur fond de critiques à propos des dividendes de la croissance encore très inégalement répartis. Il y a le débat entre deux légitimités (l'une «politique», l'autre «citoyenne») et les batailles d'idées entre experts et contre-experts. Il y a 20000 délégués qui communiqueront sur leur «révolution de velours» et 20000 protestataires qui peaufinent leur manif «anticapitaliste», le 26 septembre.
Coincés entre le marteau et l'enclume, le FMI et la BM subissent des assauts conjugués: «Les critiques viennent de la gauche et de la droite, confie un vice-président. La gauche nous reproche d'être à la solde des riches du G7 et pas assez proche des pays en développement. La droite pense que nos interventions faussent le jeu du marché.» Il y a surtout la droite de la droite, la branche